Avec le procès de l’homme qui se déroule en ce moment, nous avons droit à son visage à la télévision chaque jour, à ses provocations permanentes, les médias lui offrent une tribune dont il rêvait, et par la même donnent un sens (le sien) à la tuerie dont il est responsable.
Je ne supporte plus de découvrir les photos de ses victimes dans les journaux, tout comme de le voir se pavaner face caméra, plein d’arrogance, la provocation en guise de salut. Quel genre de société peut encore tolérer ça ? Quand on tue froidement autant de monde, on se prive de certains droits, ce devrait être un fait. Pas celui d’un procès, pas celui d’être jugé, de la justice bien sûr, mais ne peut-on imposer un minimum de pudeur ?
Les tueurs comme ce norvégien passent souvent à l’acte pour exister. Ils ne sont pas fous, non, je n’y crois pas une seconde, ils savent ce qu’ils veulent, ils préméditent longuement leurs crimes, ils sont minutieux, souvent très froids durant l’exécution, et prennent beaucoup de temps pour justifier – en amont via Internet bien souvent – leur pensée, leur massacre.
Ils tuent pour exister. Pour entrer dans l’histoire. Pour faire partie de cette société qui, selon eux, les rejette, ou pour lui faire payer leurs souffrances, quelles qu’elles soient.
Alors j’aimerais savoir pourquoi nous cherchons à tout prix à satisfaire leur caprice de sang ? De quel droit donnons-nous une libre tribune à ces terroristes qui s’octroient un droit de parole en massacrant à tout-va ? Suffit-il d’être mal dans sa peau et d’aller tuer des enfants dans une école pour que le monde s’intéresse à nous ?
Je ne supporte plus cette « starisation » des criminels, et moi qui suis plutôt à craindre les lois liberticides, pour le coup je ne serais pas contre réfléchir en une instaurer une qui interdirait aux médias de mentionner le nom des criminels de ce genre, ces « mass-murderers » comme on les appelle par delà l’océan Atlantique, interdisant de publier une photo d’eux. Leur refuser le droit à l’existence médiatique qu’ils revendiquent parfois, leur nier le plaisir de faire la Une, que la société les traite comme ce qu’ils sont : des criminels, qui ont droit à un procès, pas comme des stars.
Qu’on ne puisse plus les entendre en dehors de leur procès (pourquoi pas en huit-clos uniquement ?) qu’on ne puisse les voir non plus. Que celui qui agit de la sorte se bannisse lui-même du système puisqu’il le hait tant. Qu’on en fasse des anonymes, certainement pas des icones, comme quelques uns le sont devenus avec le temps.
Si demain il devenait une évidence qu’aucun criminel de ce type ne puisse plus exister à travers ses crimes, peut-être ferions nous un pas vers une société un peu plus saine, plus cohérente, notamment dans les réponses qu’elle doit donner en certaines circonstances.
Et si cela suffisait à en dissuader juste un… Vous voyez ce que je veux dire.
C’est une idée.
Personnellement, je ne veux plus voir son visage, ni celui du prochain, je ne veux pas entendre ses provocations, ni ses justifications, c’est au tribunal de le faire, pas à nous. Je ne veux pas cautionner, d’une certaine manière, ses actes, en lui donnant un libre accès à mon salon, à ma pensée.
Je veux qu’il soit anonyme, parce que c’est, je crois, la seule réponse à donner à ces criminels, en plus d’un procès.
Pour ne pas aller dans son sens.
Par pudeur pour ceux qu’il a tués.
Et parce qu’à mon sens, c’est le meilleur moyen de se préserver d’en voir fleurir d’autres.
Tout simplement.
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