Nouvelle journée d’écriture.
Quinze pages tombées d’un coup, entre des rendez-vous du quotidien… Quinze pages qui s’inventent comme ça, au fil d’une concentration enlacée dans l’inspiration, et qui vous font saluer le facteur comme s’il était un Cynik prêt à vous décapiter. Qui vous font sortir avec votre chien dans la rue comme si c’était Plume en personne… Même si C’EST Plume. La taille en moins… Quoique…
Quinze pages qui vous hantent pendant l’heure du déjeuner au point de se demander une heure plus tard si on a mangé où pas ? Oubliées les pauses, oubliés les coups de fil qui sont tombés dans la matinée… (sauf celui du vin, inoubliable celui-là, l’auteur se reconnaîtra – private joke inside.)
Quinze pages comme quinze kilomètres sur une autoroute quand il y en a cinq cents à effectuer, on les dévore sans y prêter attention, et déjà ils sont derrière nous, et la destination se rapproche.
Pourtant, écrire, ce n’est pas ça. Ce n’est pas espérer presser le champignon pour arriver plus vite. Ecrire c’est admirer le paysage sur chaque kilomètre, parce qu’on sait que ce qui est le plus savoureux, ce n’est pas de parvenir au bout du chemin, c’est de faire le voyage. C’est d’avoir le cerveau en mouvement. C’est de fermer les yeux et sentir le vent imaginaire avec ses personnages. C’est de frissonner dans la bataille. D’avoir la gorge serrée quand ils se séparent. De craindre le pire pour eux à chaque chapitre.
Alors quinze pages qui tombent, c’est quinze pages trop vite.
Le bon rythme serait peut-être cinq. Peut-être même une seule page par jour.
Et encore… Viendrait un temps pour rédiger la dernière de toute manière.
Un temps pour dire au-revoir à cette aventure. A ces personnages.
Maintenant vous comprenez pourquoi les auteurs écrivent des séries ?
Un jour viendra le dernier tome de la saga.
Ce sera un triste jour pour moi.
Comme de regarder ses enfants quitter la maison un beau matin, en sachant que plus jamais ils ne vivront sous son toit.
Le pire, c’est que demain je ferai au moins dix pages. Parce que je suis dedans.
C’est plus fort que moi.
Je ne peux pas m’en empêcher.
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